- Une soirée arrosée ? - {Pv Coleen =D}

Si elle l’avait laissé faire, Coleen aurait probablement sauté au cou d’Elizabeth pour la remercier d’accepter enfin de remonter en voiture. Mais enfin de compte, se laisser trainer jusqu’à la dite voiture était tout aussi bien et lui ferait gaspiller moins d’énergie…
Il fut légèrement déçu de la voir se diriger vers le côté conducteur mais encore une fois, il était peut-être préférable qu’elle agisse comme ça. Il n’avait plus franchement les yeux en fasse des trous et ses prédictions de tout à l’heure auraient bien pu se révéler exactes s’il avait conduit l’Audi.
Le jeune homme se glissa donc sur le siège passager mais cette fois, la sensation qu’il éprouva en s’asseyant sur les sièges fut bien moins agréable.
Il détestait être mouillé. Ses vêtements semblaient peser des tonnes et chaque mouvement devenait déplaisant.

Poussant un long soupir, il tourna son visage trempé vers la conductrice qui prenait ses marques et s’apprêtait à démarrer. Ce fut d’ailleurs la seule fois de tout le trajet où il se tourna vers elle.
Il passa le reste du temps la tête appuyé à sa portière, luttant contre le sommeil et ses envies de régurgiter…
Après un temps infiniment long, Coleen sentit la voiture de son amie ralentir puis s’immobiliser et il rouvrit les yeux dans un sursaut.
L’air un peu hagard et les yeux gonflés de sommeil, il observa le décor avec incertitude. C’était là qu’elle vivait ?
Bizarre, ça lui semblait plus petit avant… et les lumières ne lui avait jamais paru si claires, elles en étaient presque agressante.
Et où était son lit ? Pourquoi est-ce qu’il y avait d’autres voitures dans son appartement…
Puis soudain, ce fut la révélation. Ils étaient dans un parking. Tout s’expliquait !

Mais alors qu’il allait transmettre l’information à Elizabeth qui devait sûrement s’inquiéter de ne pas reconnaitre l’intérieur de son appartement, il remarqua qu’elle n’était plus derrière le volant. Si ses sourcils lui avaient encore obéit, il les aurait probablement froncés…
Il voulu ouvrir la bouche pour l’appeler seulement ses lèvres refusèrent elles-aussi de fonctionner. Sûrement la pause syndicale. Et puis elles l’avaient bien mérité tout de même !
Il était vraiment gentil avec son corps. Certaines personnes ne pouvaient pas se venter d’être à son écoute et…

Mais son raisonnement intérieur fut interrompu par la main d’Elizabeth qui se refermait sur son bras. Avec lenteur toujours, il se retourna vers elle et, lorsqu’il comprit que ses intentions n’étaient pas hostiles, il la laissa l’aider à sortir de la voiture.
Sans un mot, il se laissa guider à travers le parking, sa tête dodelinant dangereusement entre ses deux épaules. De temps à autre, il s’autorisait à fermer les yeux, sachant pertinemment (ou du moins espérant vivement) qu’Elizabeth l’empêcherait de se prendre un mur.
Ils ne s’arrêtèrent qu’une fois devant la porte de l’appartement de la jeune femme et Coleen s’adossa au mur, la regardant fouiller dans son sac durant de longs instants.
Il ne comprenait pas vraiment ce qu’elle faisait mais préféra ne pas l’interrompre. Ca avait l’air très important.
Il fallut au jeune homme un long –très long- moment pour comprendre qu’elle cherchait les clés. C’était donc pour ça qu’ils étaient encore là !
Lui, il savait où elles étaient. Et pour cause, il les avait entendues tinter dans la poche d’Elizabeth à chacun de ses pas un peu plus tôt.
Poussant un soupir, il tendit une main qui semblait faite de plomb vers elle et la plongea dans la poche de sa propre veste. Une seconde plus tard, après avoir manqué de perdre l’équilibre, il ressortit les clés de son amie et les lui glissa dans les mains.

Ils pénétrèrent ensuite dans l’appartement et, au prix d’un effort surhumain, Coleen rendit son sourire à Elizabeth. Mais il n’était pas certain qu’elle l’ait vu puisqu’elle s’éloignait déjà, le laissant seule dans l’entrée.
Il prit soin de refermer la porte derrière eux puis se tourna en direction de son amie, maintenant étendue dans son sofa.
Pour sa part, il ne savait pas trop quoi faire de lui-même… Dormir debout dans l’entrée était une solution des plus tentantes… et d’un autre côté, maintenant, le canapé lui paraissait on ne peut plus confortable. Pris, mais confortable.

D’un pas mal assuré, il rejoignit son amie et, alors qu’il n’était plus qu’à quelques pas, elle lui fit signe de s’installer à ses côtés.
Il ne faudrait pas le lui dire deux fois !
Coleen bouscula gentiment Elizabeth et cette dernière se cala contre le dossier pour qu’il puisse se faire une petite –toute petite- place. Il s’allongea dans le sofa tant bien que mal, expirant longuement en savourant la douceur du tissu sous lui.
Après quelques secondes, Elizabeth se mit à gigoter et, après un moment, ils trouvèrent enfin une position à peu près confortable (de toute façon dans l’état où ils étaient tous deux, ça n’était pas vraiment leur priorité) et ne bougèrent plus.
Elizabeth se trouvait maintenant blottie contre lui, frissonnant entre ses bras qui l’enlaçaient.
Distraitement, gardant ses yeux fermés, il caressa les longs cheveux blonds et détrempés de la jeune femme dont la tête reposait sur son épaule, près de la sienne.
Être mouillé ne le dérangeait plus, son histoire avec le docteur Amos lui paraissait loin, son envie d’uriner et de vomir par contre étaient toujours présentes… mais il n’avait plus la force de bouger.

« Tu t’souviens de cette fois où… on avait dormi dehors… on voulait voir les étoiles » Murmura-t-il d’une voix ensommeillée « T’avais mis un short rose… beauuucoup trop court… et j’t’avais renversé… un truc dessus… pour que tu t'change parce que... tous les garçons te mattais et... et ça m'énervait... alors… »

Mais il ne termina pas phrase. Il ne savait même pas pourquoi il l’avait commencé. Il était trop fatigué pour parler.

Un sourire flottant sur son visage, Coleen continuait d’effleurer les cheveux trempés de son amie, plongé dans ses souvenirs…
Il n’avait aucun mal à revoir cette scène vieille de plusieurs années alors qu’il ne se rappelait même pas de ce qu’il avait bu ce soir.
Elle avait raison, ils n’avaient pas pu voir grand chose ce soir là, mais ça lui allait très bien.

• FLASH BACK
  
  Coleen entourait ses genoux relevés sous lui de ses bras minces, arborant une moue boudeuse. Le feu qui crépitait doucement près de lui éclairait le sous-bois dans lequel quelques campeurs s’étaient réunis pour observer les étoiles.
  Elizabeth et lui s’étaient comme toujours installés à l’écart des autres. Ils n’étaient bien que lorsqu’ils étaient tous les deux. Seuls contre l’oppression et les connards comme ils aimaient à le dire.
  Et ce soir, ils en avaient croisés des tas !
  Des ivrognes pervers qui n’avaient cessés de déshabiller son amie du regard. Et ils n’avaient pas à se forcer beaucoup vu la taille du short qu’elle portait. Il avait passé des heures à essayer de la convaincre d’aller se changer, lui répétant qu’en France se balader à moitié nu n’était peut-être pas un problème, mais qu’à Sydney, au milieu des bois, de nuit et quand on était mineur, s’en était un !
  Il avait essayé de l’amadouer, de la faire chanter, de la supplier, et finalement, l’y avait contrainte en renversant son soda sur elle.
  
  Furieuse, son amie lui avait asséné un bon coup de poing dans l’épaule avant de s’éloigner.
  Coleen, légèrement inquiet de la savoir seule, avait proposé de l’accompagner, mais elle avait refusé en lui criant qu’elle pouvait se changer par ses propres moyens.
  Et depuis, il attendait son retour, installé au coin du feu qu’ils avaient mis tant de temps à allumer. L'adolescent craignait qu’elle ne revienne pas.
  C’était bien son genre tiens !
  
  Mais finalement, après un interminable moment et elle alors qu’il s’apprêtait à aller voir ce qu’elle fabriquait, elle était reparue, portant un pantalon en toile écru et un sweater clair.
  Il lui avait adressé un sourire auquel elle n’avait pas répondu, puis il l’avait regardée s’asseoir près de lui.
  Un pesant silence s’était installé entre eux. Elle ne lui adressait pas un regard, gardant les bras obstinément croisés sur sa poitrine naissante.
  Coleen savait qu’il aurait dû s’excuser, mais il ne se sentait pas de le faire. Après tout, il n’aurait pas été obligé de la salir si elle l’avait écouté dès le début ! Tout ce qu’il avait fait, s’était s’inquiéter pour elle et ses jolies fesses rebondies!
  
  Poussant un long soupir, il s’était rapproché d’elle et lui avant gentiment pincé le gras du bras. Elle avait tiqué d’agacement mais ne l’avait pas regardé. Il sentait qu’elle mourrait d’envie de lui parler er de passer à autre chose, mais elle avait sa fierté.
  Et puis en fin de compte, c’était plus marrant comme ça.
  
  « Can you hear the drums Lizzie? » Commença-t-il à chanter sur l’air d’une chanson d’Abba « I remember long ago another starry night like this In the firelight Lizzie, I were humming to yourself and softly strumming my guitar I could hear the distant drums and sounds of bugle calls were coming from afar... »
  
  Il apercut un sourire étirer ses lèvres charnues et le sien s’élargit encore. Il gagnait.
  
  « They were closer now Lizzie, every hour every minute seemed to last eternally I was so afraid Lizzie, we were young and full of life and none of us prepared to die and I'm not ashamed to say the roar of guns and cannons almost made me cry »
  
  Il passa son bras autour de ses épaules et elle laissa sa tête blonde reposer sur lui, l’écoutant chanter en silence…
  
  **

« There was something in the air that night, the stars were bright, Elizabeth. They were shining there for you and me, for liberty, my Lizzie. Though I never thought that we could lose there's no regret, if I had to do the same again, I would, my friend… » Fredonna-t-il, allongé sur le canapé de l’appartement

Il n’était même pas certain d’avoir émit le moindre son. Peut-être avait-il simplement remué les lèvres... il n'en était même pas certain. La fatigue l’enveloppait et il était à deux doigts de sombrer dans les bras de Morphée. Ses yeux étaient toujours clos et, contre lui, Elizabeth commençait à s’agiter.
Coleen sentit soudain quelque chose d’humide contre son oreille. Ses sourcils se froncèrent imperceptiblement. Qu’est-ce qu’elle fabriquait encore ?
Rêvait-il ou était-elle vraiment en train de lui mordiller l’oreille ?
Le jeune homme poussa un gémissement plaintif et dévia son visage pour qu’elle arrête et, après une seconde, il tourna la tête vers elle, plongeant son regard dans le sien.

« Non… » Murmura-t-il, ses lèvres presque collées aux siennes tandis qu’il parlait, sentant le souffle chaud et alcoolisé de la jeune femme sur son visage « Faut pas… » Ajouta-t-il encore avant de laisser ses yeux se fermer de nouveau

Après les quelques mots de mise en garde qu’il avait soufflés à Elizabeth, le blond la sentit s’agiter sur lui. Il rouvrit un œil prudent, puis le second, pour la voir croiser les bras sur sa poitrine maintenant plus généreuse que durant cet été où elle portait ce petit short rose.
Et voilà, elle était vexée. Et ça pouvait durer longtemps. Très… longtemps.
Il détestait qu’elle lui en veuille et elle le savait foutrement bien la bougresse ! Elle savait qu’il n’aimait pas qu’ils se quittent ou s’endorment sur une dispute, aussi infime soit-elle.
Et évidemment, il fallait que son amie se mette à bouder au moment où, enfin, il allait pouvoir s’endormir.
Et en même temps à quoi s’attendait-elle ? Après l’avoir embrassé, voilà qu’elle lui mordillait l’oreille d’une manière provocatrice ! Il était normal qu’il réagisse et l’arrête !

Ils avaient fait l’erreur de… faire ce ‘truc’ il y a longtemps et il ne comptait pas recommencer. Une fois lui avait suffit. Amplement. Pour la fin des temps.
Une fois c’était déjà une fois de trop.
Coleen ne se souvenait même pas exactement de ce qui s’était passé cette nuit-là, mais s’être réveillé nu dans le lit de son amie avait suffit à lui donner la nausée. Il n’avait pas besoin d’image, de souvenir. Il avait son imagination et le gout de la jeune femme dans sa bouche pour comprendre ce qui s’était passé et avoir à le revivre dans les pires moments…
Ils ne pouvaient pas se permettent de recommencer.
Il lui en avait trop voulu pour ça et ne voulait plus jamais éprouver les sentiments qui l’avait assaillit après... avoir fait ce ‘truc’ avec elle.
L’alcool n’excusait rien.

Malgré ça, il ne pouvait pas supporter l’idée qu’elle lui en veuille et qu’elle rumine dans son coin. Et pourtant, c’est ce qu’il aurait dû faire. Ca aurait été préférable et à ce moment de la soirée, il le savait déjà…

« Fais pas ta mauvaise tête » Chuchota-t-il en l’attirant un peu plus vers lui

Il déposa un tendre baiser au coin de ses lèvres. En réalité, c’était sa joue qu’il visait… mais ses yeux lui jouaient des tours depuis quelques temps et il n’était plus complètement maître de ses mouvements.
La serrant toujours étroitement contre lui, Coleen laissa son visage à quelques centimètres à peine de celui de la jeune femme, son regard azuré plongé dans le sien. Son cœur cognait tellement fort dans sa poitrine qu’il avait la certitude qu’Elizabeth pouvait l’entendre elle aussi.

« Tu m’aime pas vrai » souffla-t-il soudain, sur un ton entre l’interrogation et l’affirmation

Etait-ce une manière de lui demander si elle lui en voulait toujours ? Une manière de lui dire qu’il savait ce qu’elle éprouvait ? Parlait-il d’amitié ou de véritable amour ? Il n’en avait pas la moindre idée…
Il avait toujours eu pour habitude de dire à ses amies qu’il les aimait. Sans arrières pensées, comme il le disait à sa sœur.
Mais dans le cas d’Elizabeth, l’avait-il prononcé dans ce sens ?
Il savait exactement ce qu’il ressentait pour elle. Il l’aimait. Comme une amie.
Mais qu’en était-il d’elle ? Il s’était souvent posé la question, surtout après l’incident, mais jamais il n’avait osé la formuler à voix haute. Jusqu’à maintenant… enfin en quelque sorte. Elle pouvait interpréter ses mots de la manière qu’elle le souhaitait…

Coleen tiqua discrètement lorsque son amie se contenta de lui lancer un ‘bonne nuit’ sec et impersonnel. Ce qu’elle pouvait être agaçante ! Il lui avait chanté une chason (enfin du moins il lui semblait bien avoir fait du bruit), l’avait embrassé (bon, OK ! Il avait manqué sa joue mais ça n’était pas sa faute !), il avait entamé la conversation (ou presque…) : qu’est-ce qui lui fallait de plus à la fin ?!
En plus, elle avait osé l’appeler par son prénom, chose que tous deux évitaient en général de faire. A moins de jouer les réprobateurs ou les vexés comme c’était le cas d’Elizabeth ce soir.
Si c’était la guerre qu’elle voulait, elle allait l’avoir !

Le jeune homme l’observa avec irritation, scrutant ses yeux clairs qu’elle avait détournés de lui et qui restaient obstinément dirigé vers le plafond du salon.
Il laissa quelques secondes s’écouler, sentant la colère et la frustration l’envahir, prenant peu à peu pied sur sa fatigue.
Pourquoi fallait-elle qu’elle lui fasse ça précisément maintenant ?!
Typique ! C’était bien les filles ça ! Et après on osait lui demander pourquoi il envisageait de terminer sa vie avec un homme…

Finalement, Coleen décida d’adopter la même attitude que son amie. Il avait essayé d’être gentil et ça n’avait pas marché. Il essayait d’être patient avec elle en temps normal mais la fatigue et l’alcool qui coulait encore dans ses veines le firent agir différemment qu’à l’ordinaire.

« Bon, t’as gagné, Elizabeth. Je te laisse bouder en paix » Grogna-t-il en se redressant soudain sur le canapé, la poussant sans ménagement « Bonne nuit ! »

Et sans plus rien ajouter, il se mit debout tant bien que mal.
La tête lui tournait et il dû marquer une pause près du canapé, s’appuyant à l’accoudoir en fermant les yeux un instant. Ca cassait un peu son effet ‘je suis trop soulé c’n’est même pas la peine d’essayer de me retenir mademoiselle’, mais tant pis !
Une fois ses vertiges passés, il se redressa de toute sa hauteur et se dirigea tant bien que mal vers la salle de bain de son amie… du moins l’espérait-il. Il avait perdu son sens de l’orientation qui, de toute façon, n’avait jamais été très bon.

Se lever avait réveillé sa vessie et son envie de vomir. Son estomac malmené le rappela d’ailleurs à l’ordre alors qu’il posait sa main sur la poignée de la pièce d’eau.
Le jeune homme accéléra alors son allure et pénétra en trombe dans la pièce carrelé, se dirigeant tout droit vers la cuvette des toilettes.
Il s’y pencha pour terminer de vider son estomac déjà vide de toute manière, le corps secoué de spasmes désagréables.
Après un moment indéfini, lorsque sa crise passa un peu, il déroula le papier hygiénique pour s’essuyer la bouche, tandis que les pas léger de son amie s’élevaient dans son dos.

« C’est ta faute… regarde c’que t’as fais » Marmonna-t-il en levant ses yeux embués de larme vers elle, les épaules secouée par un nouveau hoquet douloureux « T’es chiante. Me fais pas la tête. J'ai rien fais... » Ajouta Coleen dans un soupir, avant de laisser tomber les feuilles dans la cuvette odorante… (ma petite touche personnelle de romantisme ahah)

Penché sur ses toilettes, le teint presque fluorescent tant il était pâle, Coleen observa son amie s’approcher du meuble non loin de lui. De là où il était, il ne voyait pas ce qu’elle allait y chercher, mais elle lui donna bien vite la réponse, brandissant une brosse à dent sous son nez.
Et c’était lui qui était vexant dans l’histoire… ? Elle pouvait au moins attendre qu’il ait terminé ici ! Qu’est-ce qui lui disait qu’il n’allait pas remettre ça dans quelques secondes ?
Et puis il lui avait laissé le salon, pourquoi venait-elle l’ennuyer jusqu’ici ?! Tout ça était bien trop compliqué pour son cerveau en pleine hibernation.
Poussant un grognement irrité, il attrapa la brosse qu’elle lui tendait, marmonnant dans sa barbe d’un ton trop bas pour qu’elle puisse comprendre quoi que ce soit de son charabia.

« Fais-ci, fais-ça, brosse-toi les dents, vomit pas dans mon sac, rend-moi mon soutien-gorge, tu vas t’faire mal, va pas là, arrête, tu m’ennuis, j’te parle plus » Se moqua-t-il en s’accrochant au mur pour se redresser « T’es chiant, mange ta viande, pas d’claquettes sous mon toit, regarde où tu pisses, bonne nuit Coleen, tu ronfles comme un… »

Le reste de ses citations se perdirent dans des bruits de frottements énergiques. La brosse à dents qu’Elizabeth lui avait confiée allait et venait dans bouche tandis qu’il observait son reflet dans le miroir face auquel il se trouvait, continuant à divaguer.
C’était toujours pareil de toute manière ! C’était lui qui devait toujours s’excuser ! Lui le gamin irresponsable, lui qui faisait n’importe quoi, qui ne savait jamais comment faire les choses, à qui on pouvait tout reprocher. Et comme un idiot, il venait s’excuser à chaque fois d’être le crétin irrécupérable qu’il était !
Mais ça n’avait que trop duré ! L’heure de la revanche avait sonnée ! Et d’ailleurs, il le lui dirait dès qu’il aurait terminé de brosser ses dents. Non mais !

Seulement, une fois encore, les choses ne se passèrent pas comme il l’avait prévu. Alors qu’il réfléchissait à un moyen de détourner un missile nucléaire pour l’envoyer dans le derrière de son amie, cette dernière vint se coller à lui.
Aussitôt, toute sa rancœur s’évapora. Il était faible…
Essayant de jouer les indifférent, il se rinça la bouche et pris tout son temps. Il sentit alors la bouche de la jeune femme se poser contre sa nuque. Un frisson le parcourut.
Malgré lui, un sourire charmé se dessina sur ses lèvres.
Son regard croisa celui de son propre reflet et celui-ci disparu instantanément. A quoi jouait-il ?

Il observa tour à tour les mains d’Elizabeth qui entourait son corps, son visage à demi dissimulé par son corps qui apparaissait de temps à autre, au gré de ses baisers tendres.
Une fois encore, les battements de son cœur s’accélérèrent.
Il ne fallait pas qu’il la laisse faire… et en même temps, s’il la repoussait une nouvelle fois, elle allait recommencer à l’ignorer. C’était sans fin.

*Peut-être qu’elle s’arrêtera d’elle-même si je me laisse faire… *

Ca, c’était un bon plan ! Le seul qu’il avait de toute manière.
Il laissa la brosse à dent choir sur l’évier devant lui et, déglutissant avec peine, il se retourna avec lenteur pour faire face à la jeune femme, s’arrachant à son reflet qu’il ne pouvait soutenir plus longtemps.
Tout ce qu’il avait à faire, c’était la laisser faire. Elle s’arrêterait d’elle-même quand elle comprendrait que c’était mal.
Il posa ses mains sur les hanches de sa vis-à-vis, la bouche scellée, plongeant ses yeux bleu dans les siens, complètement déboussolé.

Alors qu’ils étaient en plein ébat, Elizabeth s’offrant à lui -coquille vide et aveugle qui s’agitait en rythme comme on le lui demandait-la jeune femme arrêta subitement de participer.
Il donna encore deux coups de reins et soudain, elle lui fit comprendre qu’elle voulait qu’il la quitte, littéralement. Elle mettait fin à son calvaire.
Il s’exécuta en silence, l’expression de son visage ne changeant pas d’un iota. Il ne se posa pas vraiment de questions, il était simplement intrigué de ce revirement de situation. Mais pas mécontent, évidemment.

Coleen s’écarta donc pour se laisser retomber sur le matelas, à côté d’elle. Mais son amie ne resta pas étendue longtemps. Elle quitta son lit en vitesse et se dirigea vers son armoire pour attraper un peignoir clair et s’échapper sous le regard impartial du jeune homme.
Il n’avait pas la moindre idée de ce qui lui était passé par la tête. Tout était allé si vite.
L’instant d’avant, elle jouissait sous ses assauts et maintenant, elle avait disparut, s’enfuyant en courant presque de la chambre, le laissant seul.

Le silence reprit ses droits sur la pièce qui lui parut soudain glaciale.
Il réalisa alors qu’il était nu au dessus des draps de son amie et, dans des gestes mécaniques, se pencha pour attraper ses vêtements trempés. Il les enfila avec lenteur, le regard hagard et perdu dans le vague.
Une fois habillé, il se traina hors du lit où lui et Elizabeth venaient de recommencer.
Il resta immobile un long moment, ne pensant plus à rien. Plus même à la danse.

Se sentant las comme jamais, Coleen finit par se remettre en route d’un pas malhabile, l’estomac au bord des lèvres. Il avait la nausée. Il se vomissait.
Lui surtout mais aussi Elizabeth et ce qu’ils venaient de faire.
Il fallait qu’il garde la tête vide. Il ne fallait pas qu’il y pense. Pas encore. Il aurait tout le temps demain. Pour le moment, il voulait simplement s’allonger et dormir. Mais arriverait-il seulement à trouver le sommeil ?
Et de quoi serait demain ? Comment pourrait-il encore croiser le regard d’Elizabeth ?
La première fois, ils avaient agit comme si rien ne s’était jamais passé. Cette fois, il n’était pas sûr d’en être capable.

Lorsque s’était arrivé la première fois, il était ivre. Complètement ivre. Il ne se souvenait pas vraiment de cette nuit là… mais celle-ci, il s’en souviendrait.
Coleen n’était plus soûl. Plus depuis qu’il était passé par la salle de bain. Il avait simplement essayé de s’en convaincre pour se donner bonne conscience… comme il avait essayé de se persuader qu’il faisait ça pour avoir la paix. Parce que c’était ce que voulait son amie et qu’il avait simplement refusé de la brusquer.
Fuck it !
Il s’était mentit à lui-même.
Il l’avait voulu. Au moins autant qu’elle…

Coleen secoua sa tête, comme pour chasser les remords qui pesaient sur sa tête. Il sortit de la chambre d’un bon pas et, en passant devant la salle de bain, entendit les pleurs étouffées mais facilement identifiables de son amie.
Il en éprouva du contentement.
S’était bien fait après ce qu’elle venait de lui faire subir !
Mais qu’avait-elle fait au juste ? C’était à lui de l’arrêter. Il aurait dû l’arrêter quand il en avait eu l’occasion. Il aurait dû la repousser une fois encore.
Il avait agit comme un idiot et avait été cruel. Coleen savait. Il savait parfaitement ce qu’elle ressentait pour lui, du moins, il en avait eu confirmation lorsqu’elle avait tenté de l’embrasser dans la rue, puis sur le canapé, puis encore dans la salle de bain.
Le jeune homme avait fait mine de s’offrir à elle. Pour finalement se servir d’elle pour déverser sa frustration… il lui avait inconsciemment produit l’amour et tout ce qu’il avait fait, c’était se défouler sur elle et la traiter comme une vulgaire trainée, un objet sexuel.
Il était à vomir.

Le jeune homme jeta un coup d’œil à la porte blanche de la salle d’eau, sentant son cœur se pincer. Il ne pouvait pas la laisser comme ça… et en même temps, il ne se sentait pas capable de la consoler maintenant et ne voulait d’ailleurs même pas avoir à croiser son regard.
Le mieux était encore de partir. La laisser seule dans sa salle de bain. Lui tourner le dos et la laisser venir à lui quand elle s’en sentirait capable.
Mais ce soir, il ne prenait aucune bonne décision.

Poussant un soupir imperceptible, Coleen se laissa tomber sur le sol, s’appuyant à la porte de la pièce. Il entoura ses genoux de ses bras, calant sa tête dans le creux formé.
Ses yeux secs étaient ouverts sur l’obscurité de l’appartement. Lorsque le chat vint se frotter à lui en ronronnant allègrement, il ne bougea pas. Il se lasserait.
De l’autre côté du boit, il pouvait entendre les pleures de son amie qui était appuyée à la même porte que lui…

« And if I had to do the same... again... I would… my friend » Murmura-t-il d’un ton à peine audible